Dans le grenier de nos aïeux: ne nous laissons pas piéger !
Hélène, de la boutique Verrelène de Plombières-les-Bains, nous parle ce mois-ci de deux objets anciens en verre soufflé. Plus d’une fois elle s’est amusée à interpeler des passants en leur demandant l’usage des ces drôles de bouteilles.
Soufflées à la bouche par les anciens verriers, celles présentées datent de la fin du XIXème siècle.
La première, grosse bouteille à large goulot et à «cul rentrant», à la particularité d’avoir un talon conique. Le talon est la partie du fond de la bouteille, qui rentre à l’intérieur. Ce talon conique est de plus brisé ou découpé et on se demande à quoi peut bien servir une bouteille ayant un trou dans son fond ! Il s’agit en fait d’un piège à alevins ou à goujons. La bouteille, dans laquelle on plaçait des appâts, était calée dans le lit de la rivière. On avait auparavant pris le soin de boucher le goulot avec un bouchon de liège, de bois, ou en tissu. Le petit poisson, attiré par l’appât, glissait dans la bouteille par le petit orifice du fond conique. Il était ensuite incapable de ressortir, et le pêcheur n‘avait plus qu’à sortir la bouteille de l’eau, la déboucher, et récupérer le ou les alevins ainsi piégés. La taille de la bouteille et surtout le diamètre du trou permettait de choisir la taille des petits poissons souhaités.
La seconde bouteille, plutôt en forme de cloche, repose sur trois petits pieds. Elle possède un goulot étroit, généralement renforcé par un anneau de verre. La partie basse est façonnée en anneau circulaire avec un gros trou central. Dans cet anneau on plaçait du vinaigre ou de l’alcool, et à l’intérieur du goulot un peu de miel ou de confiture. Les guêpes (autrefois dénommées mouches à miel), attirées par le sucre, entraient dans le goulot puis virevoltaient dans la sphère, et ce jusqu’à épuisement qui les amenait à un bain forcé, toujours fatal ! Il suffisait ensuite de vider le contenu avec les guêpes noyées et de recommencer l’opération. Très courant ces pièges à guêpes (ou pièges à mouches) étaient autrefois posé sur les tables ou rebords de fenêtres. On en produit toujours aujourd’hui de façon industrielle, d’un gabarit plus petit, à suspendre aux arbres.