Pour qui s’intéresse au verre ancien et moderne, l’Italie représente un pays incontournable, avec ses anciens verriers de l’Altare, son opaline de Florence, et surtout son verre de Venise. La cité des Doges, capitale durant onze siècles (jusqu’en 1797), est composée de plus d’une centaine de petites îles, séparées par des canaux et reliées par des ponts, dont le plus célèbre est le pont du Rialto.
Les verriers ont afflué à Venise après la chute de Byzance en 1204, puis à nouveau en 1453 avec la prise de Constantinople par les Ottomans. Très vite les Doges ont compris l’intérêt économique que représentait le verre et ses secrets de fabrication. Les verriers ont ainsi été mis en «sécurité» sur l’île de Murano, qu’ils avaient interdiction formelle de quitter, sous peine de mort, tant leurs recettes de fabrication devaient être protégées. Pendant plusieurs siècles le monopole à tenu bon et à fait la fortune de Venise.
Mais à partir du XVIème et surtout au XVIIème on commence à repérer des maîtres verriers vénitiens dans les autres verreries d’Europe. Ainsi, en Alsace à la fin du XVIIème, les verriers de Lucelle savaient faire du verre filigranné, et tant à la verrerie de la Glashutte à Soultz qu’à la création des verreries de Ribeauvillé on trouve mentions de verriers italiens.
Cette technique façon de Venise, de «vetro a filigrana», que l’on nomme «reticello» quand les fils sont entrecroisés, était une spécialité de Murano, tout comme les célèbres «millefioris» (millefleurs). Citons également le verre opaque et blanc comme la porcelaine, appelé «lattimo», les coupes à pied à inclusion de cristaux de cuivre qui donnent des reflets dorés et que l’on nomme «aventurina», les décors divers réalisés à partir de baguettes de couleurs, les «murine». Même s’il elles ont été copiées et exploitées dans le monde entier, ces techniques sont toujours en vogue à Venise, en particulier pour les presse-papier.
Aujourd’hui les grandes familles verrières de Murano et Venise (Venini, Barovier & Toso, Seguso, Salviati …) continuent de perpétuer la tradition millénaire des maîtres verriers.