Le château de Dampval (Oise)

Mais quand a disparu le château de Dampval ?

Le château de Dampval se trouvait sur le territoire de la commune de Hadancourt-le-Haut-Clocher (arrondissement de Beauvais dans l’Oise). Cette commune est composée du village de Hadancourt et de trois hameaux: Dampval, Lèvement et le Mesnil-Lance-Levée.

Wikipédia nous précise également que parmi les seigneurs ayant eu en possession les terres de Hadancourt: les Gaudechard (ou Godechar) de Bachivillers (60, Oise), sont seigneurs vers 1470. Hadancourt, Lèvemont et Damval ont par la suite appartenu à la famille de Courten, originaires du Valois, puis, par alliance, à la famille Le Bouteiller de Cléry de Serans. Charles-François de Cléry naquit à Damval le 24 mars 1748, et deviendra à 52 ans, en 1800, maire de Serans. Le manoir seigneurial de Hadancourt avait cessé d’exister bien longtemps avant la Révolution.

Un document manuscrit en notre possession, daté de 1750, va nous permettre de préciser les choses. Il s’agit d’un acte notarié, passé devant la Généralité de Paris, comportant 16 pages de papier filigrané au format 21,5 x 31,5 cm. Toutes les pages sont remplies d’une belle écrite régulière et lisible, par l’Etude du notaire DOYEN de Paris qui signe (très certainement Antoine-François DOYEN, qui fut notaire à Paris de 1723 à 1767). Voici sont Ex Libris:

doyen

Ce document est intitulé « Transaction entre Messieurs de Serans et de Villemeur pour le partage des biens de leurs femmes du 20 août 1750 ».

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Cette ancienne Seigneurie de Damval (DAMPVAL) comportait terres, bâtiments agricoles et le château. Voici ce qu’en dit Wikipédia: « Damval correspond à une ancienne seigneurie, dont le manoir a été détruit vers 1780. La chapelle qui en dépendait était encore visible vers le milieu du XIXème siècle. Un plan de 1811 en montre encore des bâtiments. » Voir ici ===>>>

Un document d’archives, situé entre 1732 et 1736, fait état de la bénédiction de cette chapelle, édifiée par M. de Courten, Colonel du Régiment Suisse de son nom.

En 1680 un document fait état de dégradations faites aux biens de cette seigneurie

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Au début du XVIIIème siècle c’est l’ancienne et illustre famille noble Pasquier de Franclieu (toujours survivante) qui est propriétaire de la terre de Damval, date à laquelle Alexsys Pasquier de Franclieu et sa fille eurent à déplorer la « malice » de leurs sujets, ce qui est rapporté dans les archives de l’Officialité de Pontoise dont l’inventaire a été établis en 1895 par les Archives Départementales de Seine-et-Oise (et numérisé par l’Université d’Ottawa !). Je ne résiste pas au plaisir de vous faire lire ce petit morceau d’anthologie …

(1717) par le procureur fiscal des hautes justices de Damval, Lèvemont, Hadancourt et Le Mesnil pour Mr Alexis Pasquier de Franclieu, chevalier, « seigneur des Bergeries et des dites terres », exposant que, la nuit du samedi au  dimanche six du mois de juin, « certains quidams malfaisans auroient attaché au marteau de la petite porte servant d’entrée dans le lieu seigneurial dudit Dampval un bout de tresse de chapeau de crin ployé en deux, au milieu duquel estoit attaché une petite botte d’allumettes composées de chaume, et, au dessous, de la mèche à fusil, suivant le rapport mentionné au procès-verbal, plainte et ordonnance » dressé par le nommé Riquette et le garde des bois de ladite seigneurie; qu’il y a un « ancien clos ou jardin fermé de murailles, à présent en nature de petit pré, dans lequel sont douze ruches de mouches à miel de différentes façons, dont trois sont de verres , sur lesquelles ruches, estant sous un appentis, lesdits quidams auroient mis des excréments en insulte; qu’à costé desdites ruches il y a six grosses caisses, dans deux desquelles estoient plantées chacune un romarin, dans deux autres chacune un poivrier, que lesdits quidams malfaicteurs ont coupé au cousteau par le pied, et dans les deux autres de la mélice pour lesdites mouches, qu’ils ont pareillement arraché, ainsy qu’il en est apparu au juge, et que mesme lesdits quidams auroient rompu partie de la barrière qui avoit esté mise pour la conservation desdites mouches; que Mademoiselle de Franlieu, fille dudit seigneur, ayant fait mettre dans ledit jardin plusieurs lappins de différentes couleurs pour son divertissement, et ayant fait mettre une espèce de boite ou cabanne pour leur plus grande conservation, lesdits quidams l’auroient arraché, pris et emporté une partie desdits lapins et malicieusement couppé les jarrets et rompu les jambes à d’autres qu’ils auroient laissé sur la place encore vivants, ainsy que ledit Riquetie l’auroit fait remarquer, ayant trouvé un desdits lapins blanc et noir auquel ledit juge auroit reconnu les deux jambes de derrière cassées et rompues et lesdits jarrets coupés avec un Cousteau, ledit lapin encore vivant; de là, ledit juge s’estant transporté dans un autre jardin vis-à-vis l’hôtel seigneurial dudit Lèvemont, au dedans duquel ledit seigneur avoit fait planter un arbre de vingt pieds de haut, au bout duquel il avoit fait attacher une girouette de marine sur son pivot de fer, de hauteur de deux pieds et demy, que lesdits quidams ont arraché, déplanté et cassé le pivot de fer de ladite girouette, ensuitte de quoy lesdits quidams, ayant passé par-dessus les murs de clôture desdits deux jardins, continuant leurs insultes, seroient venus tirer trois coups d’armes à feu au milieu de la nuit vers le chasteau dudit lieu de Dampval, après quoy ils s’en seroient retournés du costé de Magny vers le chemin qui conduit de Lèvemont à Sérans vers la Molière, et auroient jetté ladite girouette au pied d’un chêne dépendant de ladite seigneurie de Dampval, laquelle girouette auroit esté trouvée et rapportée par une gardeuse de vaches audit chasteau de Dampval et représentée audit juge qui, comme il est dit audit procès-verbal, auroit reconnu que ladite girouette auroit esté casée avec violence, attendu que le pivot de fer qui la soutenoit est tout courbé

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C’est cette Mademoiselle Henriette de Franclieu, qui par son union avec M. de Courten, fera passer la seigneurie dans les biens de cette illustre et ancienne famille originaire du Valais (Suisse).

Mais les choses se compliques car en 1724 Pierre-Anne de Courten s’était uni avec Charlotte, fille du Marquis Pasquier de Franclieu. Pierre-Anne den Courten décèdera en 1744 à la bataille de Kembs (Haut-Rhin). Il ne laissa que trois fille dont:

Elisabeth de Courten qui avait épousé en 1746 son cousin-germain Charles-Alexsis Cléry de Sérans, raison pour laquelle elle héritera pour un tiers de son père et pour un tiers de sa mère (et pour moitié de sa soeur  Elisabeth Geneviève de Courten épouse de Pierre GRIMARD DUFORT Seigneur d’Orsay). La dispense de 1746 pour mariage consanguin est conservée aux Archives de Seine-et-Oise sous la cote G.183. Elle précise que le mariage projeté a lieu entre Charles-Alexsys de Cléry, Seigneur de Sérans, fils de M. de Séry et de Françoise Geneviève (?) de Courten; et Elisabeth de Courten demeurant ordinairement à Danval en Vexin François et de présent à Paris en l’abbaye de Panthemont

2) Anne Charlotte de Curten qui s’était unie en 1747 au Marquis Jean-Baptiste François de Villemur seigneur de la Martinières et qui décéda avant 1750 laissant une fille unique Jeanne Marie Pulcherie de Villemur

Melchior François de Courten, colonnel au régiment éponyme, est mort au château de Sérans en 1728, sa pierre tombale était encore conservée dans l’église du lieu en 1787.

Il était Colonel et Maistre de Camp au Régiment Suisse de Courten, au service de la France. Son fils Pierre et son autre fils Maurice auront la même charge, tenant à eux trois ce Régiment de 1723 à 1766. Voici leur drapeaux d’ordonnance (Ref: LES UNIFORMES ET LES DRAPEAUX DE L’ARMÉE DU ROI Marseille 1899, repris dans Wikipedia).

En 1750 on procède donc au partage des trois successions (de Pierre-Anne de Courten, d’Anne Charlotte de Courten et d’Elisabeth Geneviève de Courten).

Ces biens consistent presque uniquement en la terre de Dampval, et terres voisines, connues sous la même dénomination attendu que c’est le nom du château, et en une maison size à Paris rue Montmartre faisant l’un des coins du boulevard

L’estimation des biens a été faite par Jacques Richard COCHOIS architecte expert de Paris. Un nom de rue lui est consacrée à Paris et il serait l’auteur d’une des plus ancienne pharmacie de la capitale, au 115 de la rue St Honnoré.

Il commence son expertise par le bien parisien. Celui-ci se compose de deux corps de logis, l’un sur le devant rue Montmartre; l’autre sur le derrière entre cour et jardin le long du rempart. Le corps de logis donnant sur la rue est inhabité et hors d’estat de l’estre et était donc de valeur nulle sauf les fondations. Estimation de la totalité du bien: 80.000 livres (environ 112.000 €), en précisant que le rétablissement du corps de logis du devant reviendrait à 38.000 lives.

Puis l’expert Cauchois est allé au château de Damval (le 4 mai 1750) pour estimer les biens. Les terres  consistent en celle de Dampval, dont le château est de la paroisse de Levemont et la ferme est de la paroisse d’Hadancourt: le fief et terre Dumesnil Lancelevée de la paroisse d’Hadancourt affermée conjointement avec Dampval; la Seigneurie de Levemont ayant une ferme séparée, la terre d’Hadancourt ayant deux fermes. La principalle desqu’elles est en fief, l’autre en roture. Il y a également quelques bois, taillis, le tout estimé 200.000 livres (environ 280.000 euros).

Cauchois précise néanmoins, en ce qui concerne le château, qu’ il est du bien et de l’avantage des parties de le démolir et dans sa valeur actuelle, eu égard à ce que l’on pourra retirer des matériaux utiles, et déduction faite de ce qu’il en coutera pour la démolition, il a estimé le dit château à la somme de 3.000 livres (4.200 €).

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Comme la succession était très gênée du coût de la remise en état du logis de devant de la rue Montmartre, Maurice de Courten, oncle paternel de la Dame de Sérans et grand oncle maternel de la Demoiselle de Villemeur, voulut bien avancer les frais jusqu’à concurrence de 24.000 livres (33.600 €) et même leur en faire donation sous réserve de la jouissance, sa vie durant, de la dite maison.

Après d’interminables pages donnant les détails des paiements et du partage ainsi que toutes les procurations, l’acte se termine le 12 août 1750.

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Enfin, en 1776, la très haute et très puissante Dame Jeanne Maurice Pulcherie de Villemeur, épouse du très haut et très puissant Seigneur Pierre Claude Charles Brulart, chevalier, Marquis de Genlis et de Sillery, Baron de Ludes, Vicomte de Puissieux, Seigneur de Fontaine, Verzenay et autres lieux, ancien Colonel aux Grenadiers de France (ouf !) vint ratifier à Paris où elle demeure la dite succession.

Et pour terminer, une mention marginale, datée de 1792, attesta du remboursement d’une rente.

 

 

 


2 réflexions sur “Le château de Dampval (Oise)

  1. Très intéressant ton article avec un mélange de vieux français et de français actuel. Des héritiers doivent encore exister. Les mariages entre cousins germains étaient autorisés à cette époque là. Plus maintenant. Bonne journée !!

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