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Commencé le 1er août 1821, ce volumineux livre se termine le 22 juillet 1822. Au format 27 x 42 cm, il comporte près de 200 pages manuscrites et autant de pages vierges. Il s’agit d’une main courante, sur laquelle le scribe a repris l’essentiel des courriers comptables adressés par l’usine. Sur fort papier pur chiffon, le manuscrit est une succession de chapitres reprenant, pour chaque chapitre, le lieu concerné, la date, la ou les personnes à qui la lettre de créance, la lettre de change, les traites, le bon de commande ou la facture a été adressée. L’écriture à la plume diffère suivant les chapitres et donc le secrétaire ou comptable qui transcrivait n’était pas tous les jours le même. L’ouvrage ne comporte aucun titre ou référence et on ne peut que faire des hypothèses quant à son propriétaire.
La fabrique concernée devait être une tréfilerie car elle produisait du fil de fer de différents diamètres ainsi que des pointes (clous). Elle traitait avec de nombreux clients et avec ses fournisseurs en fonte.
Définition d’une tréfilerie (cf Wikipédia) :
Le tréfilage est la réduction de la section d’un fil en métal par traction mécanique sur une machine à tréfiler. Les usines spécialisées dans le tréfilage sont appelées des tréfileries. L’écrouissage y est important et nécessite un traitement thermique appelé patentage (type de recuit pour les faibles sections) évitant au fil d’être trop cassant et améliorant sa plasticité.
Le fil machine, sous forme de bobine, est posé sur un dévidoir. Il est enroulé sur un ou des cabestans, qui, par frottement, exercent une traction sur le fil. Le fil passe dans une filière, en amont du cabestan, qui impose au fil une déformation par réduction de section. La filière est abondamment lubrifiée, pour assurer le maintien d’un bon état de surface du fil métallique et pour assurer le refroidissement et contrer l’échauffement provoqué par l’écrouissage du métal.
Tenter de localiser cette fabrique, n’est pas simple car elles étaient nombreuses en Lorraine et plus particulièrement dans le sud des Vosges d’où proviendrait ce manuscrit. Peut-être s’agit-il de l’ensemble métallurgique de La Chaudeau (commune d’Aillevillers-et-Lyaumont, en Haute-Saône à la limite des Vosges).
En voici l’historique tiré du site Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté, voir ici ===>>>
Pour l’histoire de la famille De BUYER, propriétaire de La Chaudeau, voir l’article de Wikipédia ici ===>>>
et sur les usines établies sur la rivière la Semouse voir ici ===>>>
Il est possible également que ce livre de comptabilité ai appartenu à l’usine du Blanc Murger (commune de Bellefontaine dans le sud des Vosges) dont voici l’historique :
Usine de fabrication des métaux, puis tréfilerie du Blanc-MurgerHistoire : Une première forge fonctionna de 1547 au début du 17e siècle. Le duc Léopold autorisa en 1728 Etienne Boisbien à établir une » manufacture en fer, acier et Coutellerie « . Le logement ouvrier n° 5 (sur le plan dans le dossier d’inventaire complet, comme pour tous les numéros suivants) construit en 1730, porte la date sur le linteau de la porte de la cave. Les ateliers de fabrication n°1 et 2 sont construits en 1740 (daté par source). L’usine est rachetée en 1754 par Denis Vinez puis passe vers 1880 à Victor de Pruines. Ateliers de fabrication n°3 et 4 construits en 1808 et 1812 (dates portées sur la clef de la porte piétonne). L’atelier n°1 est reconstruit en 1820 (date en remploi sur la façade antérieure). Logement ouvrier n°8, 1er quart 19e siècle ; logements ouvriers n° 4 et 6 construits en 1835 et 1836, porte la date sur le linteau des portes piétonnes, logement ouvrier n°3, 7, 9, 10 construits, logement ouvrier n° 5 reconstruit, entrepôt industriel n°1 construit 2e quart 19e siècle ; atelier de fabrication n°2 reconstruit, entrepôt industriel n° 2 et logements ouvriers n°1, 2 et 6 construits 2e moitié 19e siècle ; ateliers de fabrication n°5, 1er quart 20e siècle ; atelier de fabrication n°1 reconstruit en 1934, porte la date sur la façade antérieure. Ateliers de fabrication n°6 construits 2e quart 20e siècle et encore en activité ; entrepôts industriels n° 3 et 4 construits 3e quart 20e siècle. Au 18e siècle et jusqu’en 1842, l’usine comprend : 2 feux d’affinerie, 2 martinets, 2 tréfileries de 24 tenailles ; 2 feux d’affinerie ajoutés en 1842 et les martinets remplacés par des cylindres milieu 18e siècle : 60 ouvriers ; 1785 : 34 ouvriers ; 1802 : 30 ouvriers ; 1845 : 50 ouvriers. Type : Inventaire général du patrimoine culturel |
On trouvera aussi un bon résumé du Blanc Murger sur Wikipédia ici ===>>>
Dans l’Atlas portatif et complet du royaume de France de 1823 on trouve mention de fabrique de fils de fer à Ruaux et à Bellefontaine et les Annales des Mines de 1829 mentionnent une tréfilerie à Ruaux, dépendant du complexe du Blanc Murger.
Quel spécialiste de l’histoire des usines de ce secteur pourra nous en dire plus ?
2 réflexions sur “Un livre manuscrit d’une usine”