En Alsace, le maire se tue en faisant la noce

La petite commune de Mollau est nichée dans la vallée de la Thur en Haute-Alsace. Avant la Révolution le village formait une seule paroisse avec les localités de Husseren, Storckensohn et Urbès. L’ensemble était administré par un maire seigneurial et faisait partie du bailliage de la vallée de Saint-Amarin, sous-baillage de la vallée basse, le tout appartenant à la seigneurie de Murbach dirigée par le Prince-Abbé éponyme.

Mollau1792
Carte de 1792, détail de la vallée de Thann (2)

Après la Révolution la commune fut, comme toutes les communes de France, administrée par un maire élu au sein du conseil municipal et dont la nomination était approuvée par les autorités.

En 1822 c’est Joseph ERHARD (EHRET)  qui est maire du village. C’est donc lui qui officie le quinze avril de cette année en mairie pour recevoir le consentement mutuel des futurs époux CLAD et WINCKLER. On y apprend que l’époux âgé de 29 ans, le boulanger du village, était veuf d’Anne Marie SIMON. Son père, Jean CLAD, était né vers 1764 à Buhl (arrondissement de Guebwiller) d’où était originaire la famille.

Mariage

Le mairie signe l’acte. On y retrouve aussi les signatures de l’époux CLADT, de son père Johann CLAT et de l’épouse Suzanne SIMON.

Mairie.jpg

Mollau.jpg

Le mariage civil fut certainement suivi du mariage religieux en l’église Saint Jean baptiste de Mollau.

Ehret
Signature du maire Joseph EHRHRED
Cladt
Signature de l’époux CLADT
CLAT
Signature de Johann CLAT père de l’époux
Simon
Signature de l’épouse Su Sanna SIMON

Et le soir on fit la fête … sans doute dans la boulangerie du marié. Le maire était de la noce et il voulu « toucher de la Basse » (jouer d’un instrument non identifié, peut être un violoncelle ?). Malheureusement il tomba de la fenêtre … et se tua.

1824.2.jpg

Il était huit heures du soir et son acte de décès précise qu’il est mort « derrière la maison de Jean CLADT ». L’acte, dressé par l’adjoint au maire Bernard MULLER est fait en présence du boulanger Jean CLADT et de l’instituteur Jean Baptiste EHEKIRCH, mais il ne précise pas la cause du décès.

MollauDecesEhrard

Cette précision nous est apportée par une lettre manuscrite adressée au Chevalier De TESSIÈRES, alors sous-préfet de l’arrondissement de Belfort dont dépendait en ces temps là le village de Mollau. Ce courrier, daté du 20 avril 1822, est signé du curé de Mollau nommé BREIMANN, qui suggère comme remplaçant à la fonction de maire un certain Joseph GULLY, également boulanger à Mollau et « qui est un brave homme ». Mais visibement ce n’est pas lui qui sera choisi, mais un certain Jean WEBER, qui avait déjà été maire de la commune dès 1799, précédé dans sa fonction  par Michel WINCKLER et François Antoine BASSLER. Joseph ERHARD n’aura donc fait qu’un court mandat. Voici une partie de la liste des maires de Mollau telle qu’elle figure dans les relevés des AD du Haut-Rhin (1)

Maires

Et la lettre en notre possession:

1824.jpg

Joseph ERHARD (EHRET) s’était marié en août 1815 à Mollau où il était né en  1778, tandis que sa femme Marie Anne WINCKLER avait vu le jour au même lieu en 1788.

MollauEHRET1

La famille CLAD fit souche à Mollau et en 1760 le Bottin nous indique que la Veuve CLAD tenait l’auberge (2).

1860

(1) Les actes d’état civil et autres documents sont visibles sur le site des AD du Haut-Rhin ici ===>>>  (2) Sur le site du CRHF ici ===>>>

 

 


2 réflexions sur “En Alsace, le maire se tue en faisant la noce

  1. Bonjour, j’ai un tout petit doute sur l’expression « toucher de la Basse » en rapport avec un instrument de musique… Il serait interessant de voir s’il n’existe pas encore une matière germanophone pour essayer d’en savoir un peu plus. En tous les cas, c’est un billet bien interessant. Ce qui est certain, c’est que le sieur Clad ne s’ est pas marié dans l’église en photo.., elle n’était pas encore construite.

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    1. Merci de la lecture. Oui pour l’église de Mollau car elle ne fut construite qu’en 1828 comme le précise la base Mérimée. Pour l’instrument le scribe à d’abord mis un J (pour jouer ?) puis s’est ravisé et a inscrit toucher. Simple erreur ou cela peut-il donner une indication ? (basson ?). Pas trouvé d’approche phonétique concluante en dialecte.

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