Un faux vrai ou un vrai faux ? Les de Pellerin de Saint-Loup

Deux documents pour une enquête

L’acquisition en salle de ventes d’un lot de documents divers nous a fait découvrir deux documents curieux, concernant la famille De PELLERIN De SAINT-LOUP.

Le premier est un extrait daté du 9 septembre 1764, d’un contrat de mariage passé le 12 février 1725 entre Messire Adrien Depellerin Ecuyer Sieur d’Armonville fils de deffunt Messire Gabriel Depellerin Ecuyer Sieur de Saint Loup et de Dame Elizabeth d’Aragon ses pere et mere demeurant au Creux paroisse de Huisseau sur Mauve (1) …

et Demoiselle Catherine-Charlotte Demeaussé fille de deffunts Messire Jean-Daniel Demaussé Ecuyer Sieur d’Auteüil et de Dame Marie-Margueritte de Villeroy ses pere et mere demeurant a Germignonville (2)

Ce contrat, comportant le timbre fiscal de la Généralité d’Orléans, est passé par devant Nicolas CHAMPEAUX Conseiller du Roi et de son Altesse Royale Lieutenant General du Bailliage d’Orleans au Siege de la Ville et Chatellenie Royale d’Yenville (3) et ancien Ressort d’Ycelle. L’acte se fait dans la maison de la mariée le 12 février 1725, puis il est contrôlé et insinué à Voves (4) les 15 février et 3 mai 1725 par VERNA commis et signé par le notaire MANGARS.

Le second est un extrait, daté du 24 août 1773 d’un acte de baptême de 1738 pour Messire Jean Antoine Ecuyer fils Légitime de Messire Adréan de Pellerin d’Armenomville de St Loup Ecuyer; et de Demoiselle Catherine Charlotte de Moncet. Le parrain et la marraine avaient été Messire Jean Antoine de Monpipeaux Ecuyer et Demoiselle Antoinette d’Empierre. Le curé desservant qui ondoya l’enfant fut un certain MONDUY ou MONDUIT. L’extrait a été attesté par le sceau aux armes de Longueveaux conformement à celle de la ditte Maison, Nôtre Haut et Puissant Seigneur De Longueveaux et Autres lieux.

**Sceau de la MAISON DES LONGUEVEAUX APPOSÉ EN 1773**

Cet extrait est également authentifié par Nicolas CHAMPEAU Conseiller du Roy et de son Altesse Royale Lieutenant General du Bailliage D’Orléans et autres Lieux en date du 14 septembre 1773.

Enfin ce document a été légalisé (authentifier ou certifier conforme) par Jean Baptiste CUREAUX Juge Royal du Bailliage d’Orléans.

Une généalogie sur Généanet

Le site bien connu Généanet (5) renferme des millions d’individus et de généalogies compilées par des passionnés de généalogie. Il est fort utile, même s’il convient d’en vérifier les sources et la cohérence des données. Sur la famille De PELLERIN De SAINT LOUP il propose pas moins de 123 résultats dont 93 arbres en ligne ! On y retrouve notre couple, Adrien De PELLERIN De SAINT LOUP et Catherine Charlotte De MEAUSSE.

L’aide du groupe FB « Paléographie »

Ce groupe Facebook très actif est gérée par Baptiste ETIENNE et JF VIEL DUMULTIEN (6). Une question posée sur la localisation de la paroisse et seigneurie de Longueveaux a fait réagir de nombreuses personnes. Certaines ont trouvé des données très utiles qui m’ont permis de poursuivre et d’affiner la recherche. Citons Christine CHAPPUIS, Lisa DAMM, Alienor DE BANVILLE, Marie-Thérèse FAIDHERBE, Tiphaine GAUMY, Michel LE PADELLEC, Nathalie LEPAUMIER, Cendrine VAN CLAVEREN, J-F VIEL DUMULTIEN … et j’en oublie sans doute ! Cette aide a été primordiale dans la localisation du lieu de Longueveaux dans notre église paroissiale de St Gyle diocèse d’Orléans. Il s’agit en fait de Chaingy (7) arrondissement d’Orléans dans le Loiret, où se trouve bien le château de Longuevault et ses dépendances. On voit par ailleurs que le scribe, après avoir écrit St Gille, a rectifié en St Gy, ce qui phonétiquement peut effectivement se rapprocher de Chaingy ! Et comme à Chaingy subsite un château de Longuevault tout s’éclaire !

**Acte de baptême de Jean Antoine, mention de Longueveaux**

Le château de Longuevault

Ayant enfin localité le fief et château de Longueveaux il est temps de s’y intéresser un tant soit peu. Voici ce qu’en dit le site « Châteaux de France » (8)
Ce château, attesté sous la forme Longuevau au XVe siècle dans le cartulaire de Saint-Avit d’Orléans, puis au début du XIXe siècle, Longuevault, conserve dans ses dépendances une tour du XVIe siècle. On découvre, derrière une belle grille, la façade blanche, à l’ordonnance symétrique : un corps de logis prolongé de deux faux pavillons, eux-mêmes flanqués d’appentis plus bas. Devant la façade principale, un puits en fer forgé, élégamment ouvragé, a été conservé. Le domaine, dans un décor boisé, abrite aujourd’hui un centre équestre.

**Ancienne carte postale du château de Longuevault**

**Le gîte de Longuevault dans une dépendance du château (9)**

Les anciens plans cadastraux, dit plans napoléoniens, nous donnent une idée de ce que fut ce bien en 1812, et qui possédait visiblement une belle allée ornée de platanes. Ces documents forts utiles sont conservés aux Archives Départementales du Loiret (10).

**Plan cadastral de Chaingy levé en 1812**

**Plan d’assemblage de 1812, on y voit l’allée de platanes conduisant à Longuevault**

**Section C de ce plan cadastral ,détail du château de Longuevault**

Et sur le site très utile de l’IGN (11) on peut comparer les cartes anciennes, et on retrouve Longueveau sur la carte de Cassini du XVIIIème et Longuevaut sur la carte de l’Etat Major du milieu du XIXème. Sur la carte récente on voit le Domaine de Longuevault ainsi que la vue aérienne du lieu.

**Carte de Cassini et carte de l’Etat Major IGN**

Enfin, grâce à GoogleMap on peut voir des photos récentes du domaine, avec son allée de tilleuls. GoggleEarth quant à lui nous permet une plongée aérienne avec château au fond à gauche et à droite de l’aile centrale la tour du gîte.

Vrais faux ou faux vraisemblable ?

Se pose maintenant la question de l’authenticité des deux documents. Ils sont datés de 1764 et 1773, ce qui peut correspondre, pour 1773, à un héritage de Jean Antoine décédé en 1772. Mais il existe de nombreuses incohérences. L’acte de baptême de 1738 de Jean Antoine n’a pas été trouvé à Chaingy, mais il existe un acte de baptême d’un Jean Antoine en 1735 à Germignonville (2), jumeau d’Elizabeth Magdelaine De PELLERIN De SAINT LOUP. A défaut d’avoir trouvé le décès de cet enfant on peut penser que c’est lui qui émigrera et décèdera en Martinique. Le mariage de ses parents, censé avoir eu lieu le 12 février 1725, juste après rédaction do contrat de mariage, à Husseau-sur-Mauves (suivant l’arbre généalogique de geneanet), n’a pas non plus été trouvé en ce lieu. Enfin l’extrait du baptême de 1738 a été rédigé sur un papier portant le tampon de la Généralité de … Provence !