Enfin une paroisse en vue
Le petit village vosgien de La Baffe, avec son hameau de Mossoux, dépendait au spirituel de la paroisse d’Archettes. La population étant passée de moins de 400 habitants à la Révolution à presque 700 en 1845, il était temps d’offrir aux paroissiens un curé. Le Concordat de 1801 avait précisé les conditions de création d’une succursale. « Chaque paroisse pouvant disposer d’autant de succursales que nécessaire (art. 60). « Chaque évêque, de concert avec le préfet, réglera le nombre et l’étendue de ces succursales. Les plans arrêtés seront soumis au Gouvernement, et ne pourront être mis à exécution sans son autorisation » (art. 61). « Aucune partie du territoire français ne pourra être érigée en cure ou en succursale sans l’autorisation expresse du Gouvernement. » (art. 62). « Les prêtres desservant les succursales sont nommés par les évêques » (art. 63) » (Cf Wikipedia).
On recherche un Curé
Pour pouvoir faire avancer son dossier d’érection en succursale et de construction d’une église, le Conseil Municipal de La Baffe adressa en 1845 une lettre à Charles Hugues de SUCY d’AUTEUIL (1). Le Conseil espérait que de SUCY accepterait la charge des âmes du village La Baffe si elle pouvait être érigée en paroisse, pensant sans doute qu’il serait plus facile d’obtenir l’aval de l’évêque si le candidat au poste était déjà trouvé. Mais de SUCY apporta une réponse négative, tout en nuance et en diplomatie, faisant comprendre à la Municipalité que cette érection n’était pas encore à l’ordre du jour.
La lettre du 26 décembre 1845


Charles Hugues de SUCY d’AUTEUIL adressa une missive de sa plume, signée, via la Poste de Saint-Dié et d’Epinal. Il l’envoya à l’instituteur communal, un nommé LAHEURTE, le priant d’en informer « ces Messieurs du Conseil Municipal » en indiquant que sa santé était chancelante « Veuillez leur dire ensuite (NDLR: à ces Messieurs du Conseil) que si je croyais que ma santé me permis de vouer à votre intéressante Paroisse, tout le zèle nécessaire à sa prospérité et à son bonheur, je ne balançerois pas un instant a accepter leur offre, car il me seroit bien donc de travailler encor activement à la gloire de Dieu et au bonheur de mes frères, dans une localité surtout, qui par ses sacrifices, prouve de quelles satisfactions, pourroit être récompensé le zèle du Pasteur. Malheureusement, je crains que ma santé qui est peu forte, ne me laisse au dessous de mes devoirs et de mes désirs; et ne puis en conséquence vous répondre autre chose, sinon, que disposé à faire en tout et toujours la volonté de Dieu. »

D’une habile manière il poursuis en disant que si le Conseil fait une demande en sa faveur, et qu’elle est agréée par « Monseigneur » (son Evêque) il sera alors d’accord. Mais il continue en écrivant diplomatiquement « comme vous, j’espère que Monseigneur tout disposé à seconder les vues si Chrétiennes des habitants de la Basse et Mossou, recevra avec plaisir votre demande d’Erection en succursale et que l’impossibilité seule de vous accorder antt… votre demande, y mettra encore un retard, trop prolongé peut être, car il ny a ordinairement qu’une ou deux Erections de succursales par an dans un Diocèse, et il y en a déja quelques unes qui ont été présentées sans succes l’année dernière, et qui, par conséquent, devront l’être en première ligne cette année ». Les paroissiens devront donc patienter …

Les formules de politesse habituelles viennent clore ce courrier, attesté par la signature de de SUCY, la date et la localisation (Saint-Dié). Nous ignorons quand la paroisse de La Baffe fut finalement érigée en succursale. Quoi qu’il en soit, deux ans plus tard, en 1847, l’église était construite.

Une restauration grâce à la Fondation du Patrimoine
Voici ce que nous apprenons sur le site de la Fondation du Patrimoine à voir ici : L’église de La Baffe a été construite en 1847 sur un terrain très humide, ce qui a obligé les bâtisseurs à remblayer l’endroit avec de nombreux fûts de chênes prélevés dans la forêt communale. Elle est d’une taille importante car elle a été construite avant celles des villages environnants.L’édifice a été construit avec les matériaux locaux (pierre, grès et bois) et nécessite aujourd’hui un minimum de restauration. La municipalité a décidé de procéder à la réfection complète de la toiture pour préserver le bâtiment. Les travaux sont chiffrés à 57 685 € HT.

(1) Jules Charles Hugues de SUCY d’AUTEUIL né à Epinal en 1798 – décédé à Epinal en1884. Ancien officier de Cavalerie et aumônier militaire en 1830 à la prise d’Alger, décoré en 1858 de la Légion d’Honneur par Napoléon III en personne à Epinal, chanoine honoraire du diocèse de Saint-Dié (Cf: Base Léonore des Archives Nationales à voir ici). Il fit son testament olographe en 1878, par lequel il légua à l’évêque de St Dié divers biens (une maison à Epinal, une chapelle, une somme de 20.000 francs).
