Nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer un pan d’histoire de ce village comtois, grâce à quelques documents d’archives en notre possession. Voir ici ===>>>
Un autre document, daté de 1743, nous apporte un nouvel éclairage sur l’église de Montussaint et les pratiques de l’époque. Cette église paroissiale au clocher comtois, placée sous le vocable de la Nativité de Saint Jean Baptiste, fut rebâtie en 1684. Rénovée il n’y a pas si longtemps (crépis, toiture, clocher) elle est malheureusement à l’intérieur en piteux état et semble abandonnée aux pigeons …
Une visite récente (juillet 2017) nous a montré l’ampleur des dégâts et il serait bienvenu que quelque institution s’en préoccupe.
D’anciennes pierres tombales servent de pavage au sol et recouvrent probablement les sépultures des personnes citées. Un tableau sommaire en a été dressé et figure sur un petit plan manuscrit sous cadre fixé au mur.
Ces pierres tombales sont toujours en place, et les plus anciennes datent de 1632 et 1657 et proviennent certainement de l’ancienne église. Puis, dans l’ordre d’ancienneté, on trouve est celle du curé MILLET qui mourut en 1684, date où l’église fut rebâtie, celle du curé COURTOT de 1712 et celles des SANDOZ. Les tombes des prêtres desservants sont placées près du choeur, les autres réparties dans l’église où des fouilles archéologiques réserveraient sans nul doutes bien des surprises. Voici les photos des pierres tombales des curés de Montussaint;
Et celle de la plus ancienne pierre tombale datée de 1632, celle d’André GAUDEZ
Mais ce sont surtout les pierres tombales de la famille SANDOZ qui on attiré notre attention. Celle d’Abraham SANDOZ (1708) et sa femme Anne PRUDON (1717) ainsi que celle des frères Jacques SANDOZ (1712) et Anthoine SANDOZ (1721).
Ces SANDOZ sont certainement issus du premier du nom, Abraham SANDOZ, immigré suisse qui habitait Montussaint depuis 1645. Voir notre article sur le four banal de Montussaint ici ===>
Les SANDOZ sont toujours bien présents au XXème comme en témoigne la plaque commémorative de la <grande Guerre placée dans l’église.
Une autre ancienne croix en fer rouille tranquillement à l’extérieur de l’église autour de laquelle se trouvait très certainement le cimetière, maintenant déplacé à l’extérieur du village. On peut y lire CY GIT LE CORPS DE JEANNE PERGAUD DECEDEE LE 13 JUILLET 1848 (?) AGEE DE ? ANS PRIEZ POUR SON AME
Mais revenons-en à notre document manuscrit de 1743. Les paroissiens de Montussaint ont pris une délibération le 29 juin 1743 et souhaite qu’elle soit homologuée. Pour ce faire acte notarié est dressé et envoyé de Besançon le 7 février 1744 au subdelegué SALIVET de Vesoul pour avis.
Ce dernier donne un avis favorable le 26 février 1744 et la délibération est finalement entérinée à Besançon le 29 mars 1744 pour être exécutée selon la forme et teneur a la charge par les procureurs spéciaux cy dénommés de rendre compte de l’employ des sommes qui proviendraient de la vente des places dont il s’agit
C’est Jean Baptiste BRETENIER l’un des échevins en exercice de la communauté de Montussain qui mène les débats. Tout le monde est rassemblé dans la maison curiale (presbytère) de Montussaint pour s’exprimer et voter sur cette délibération. On y retrouve Pierre Etienne TOURNIER fabricien de l’église paroissiale, Antoine PERIART, Claude Antoine OURSAT, Jean ORSAT, Claude GOUGET, Jacque BONTRON, Claude François BRETENIER, Pierre BRETENIER, Anatoile PERIARD, Antoine GENIN, Louis HAYOT, Anatoile PERIARD, Pierre Estienne BRETENIERE, Claude François TOULLEMIE, Pierre PERIARD , Michel BRIOT et Jean MIROUST tous habitans dudit Montussaint et composant la majeure part de la Communauté. On y retrouve également Jean PEY échevin en exercice la communauté de Montussaint, assisté de Jean Estienne PERQUOZ, Jean BASLOT, Claude Antoine MICHEL, Claude BOILLEY, Leonard PEY,, George BANDART, Pierre Joseph MIDEY, Jean Baptiste BRETENIER, Antoine CORTET, Antoine BOILLEY, Louis PAULIN, Claude JANNIN, Jean Baptiste BASSON tous habitants de Tallans composant la majeure part des deux communautés à la paroisse de montussain.
Ils sont tous réunis … pour pourvoir aux moyens de réprimer les abus qui se commettent depuis quelque tems dans l’Eglise paroissiale, en ce que plusieurs particuliers s’ingerent de faire inhumer les corps des deffunts et des places des Bans ou sièges sans être fondés de le faire …
Il faudra dorénavant convenir avec le curé du prix à payer pour inhumer dans l’église ou avoir son ban ou son siège. L’argent des places et sièges sera employé aux réparations de l’église et à la participation des fabriciens d’icelle. On nomme comme procureurs spéciaux et irrevocables François MARTIN le curé de Montussaint et Pierre Estienne TOULMIER fabricien de l’église de Montussaint.
L’argent récolté pour les inhumations dans l’église, à verser une seule fois, sera consacrée à la décoration et aux réparations de l’église.
L’acte est passé en présence d’Ignace François BRISEUX notaire royal à Rougemont en présence de Jean François PERRIN vicaire à Montussaint, de Jean Claude THOUVENIN de Rougemont qui a fait le compte-rendu de la séance.
L’acte a été contrôlé à Montbozon le 7 juillet 1743 et rédigé par Jean Baptiste BRISEUX fils du notaire royal.
Enfin pour clore, et sauver ce document des outrages du temps, voici la liste des curés du début du XVIIème à 1874 rédigée par André GUYOT sur des recherches de Henri SANDOZ, elle est placardée dans l’église.